Category: surveillance

Annina Rüst

Annina Rüst produit des objets électroniques et travaille l’art du code. Ses projets sont « définis » comme se situant à l’intersection entre l’activisme, l’algorithmie, les données, l’électricité, l’humour, la politique et la pop culture.
[http://www.anninaruest.com/]

TRACK-THE-TRACKERS, 2003

Annina Rüst, Track The Trackers, Ars Electronica 2003 Source :[http://www.t-t-trackers.net]

Annina Rüst, Track The Trackers, Ars Electronica 2003
Source :[http://www.t-t-trackers.net]


TRACK-THE-TRACKERS est une installation en réseau qui utilise les équipements GPS personnels des participants pour produire une expérience auditive de la prolifération de la video surveillance dans la sphère urbaine publique. Elle questionne ainsi la protection de la sphère privée et l’appropriation de l’espace urbain par ses habitants.
Les participants se déplacent dans l’environnement urbain avec une unité mobile constituée d’un sac qui contient un ordinateur portable auquel sont connectés une souris, des écouteurs et un récepteur GPS, avec pour but de recenser les lieux observés par des caméras de surveillance et de les enregistrer dans une base de données partagée. Avant de partir, le participant télécharge la dernière version de la base de données qui contient les coordonnées GPS de la carte précédente des caméras de surveillance. La présence de caméras de surveillance sur le parcours du participant est indiquée par des signaux sonores dont l’intensité dépend de la densité des caméras dans une zone et de la distance qui les sépare du promeneur. Le son libère le regard pour le laisser qualifier et évaluer les perspectives du paysage produit par les caméras de surveillance À tout moment, les participants peuvent enregistrer sur la base de données une caméra non signalée à l’aide de la souris attachée à l’extérieur du sac.
Il s’agit en fait, dans ce projet, de révéler le paysage de la surveillance comme symptôme de la privatisation de l’espace public, d’en dénoncer la prolifération et d’encourager la résistance en proposant un lieu de réappropriation en “surveillant la surveillance” sous la forme d’une carte collective et partagée.
Dans “The City of Quartz” (1990), Mike Davis dénonce ce nouveau “big brother”, non plus oeil unique et omnipotent d’une structure gouvernementale surplombante, mais celui, plus insidieux et affecté des caméras de surveillances installées par les habitants eux mêmes dans les quartiers chics de Los Angeles qui créent des ghettos sécuritaires, des “scanscapes”, ou les classes moyennes et aisées se sentent en sécurité avec pour effet d’abolir l’espace public démocratique (celui où se mélangent toutes les classes sociales). Sorte de réactualisation de la dérive situationniste, celle qui permet de mesurer la densité des caméras de surveillance dans une zone serait ainsi à même de déterminer des “zones d’atmosphère psychiques”.

Expositions

Code Campus, Ars Electronica, Linz, 2003

Eva & Franco Mattes

Eva et Franco Mattes est un couple d’artistes activistes et provocateurs dont le travail cherche à révéler les vérités cachées de la société contemporaine. Ils manipulent ou pratiquent aussi bien l’esthétique des jeux vidéos que les technologies des réseaux, la vidéo ou l’intervention dans l’espace public, notamment pour y dénoncer l’emprise commerciale de la publicité.
[http://www.0100101110101101.org/]

A Self Surveillance System for Complete Digital Transparency, 2000 – 2002

Eva & Franco Mattes, Vopos,  Logo 
Source :[http://www.0100101110101101.org/home/vopos/index.html]

Eva & Franco Mattes, Vopos, Logo
Source :[http://www.0100101110101101.org/home/vopos/index.html]

A Self-surveillance System for Complete Digital Transparency est un projet pour lequel Eva Et Franco Mattes ont mis en oeuvre le potentiel de surveillance de trois réseaux : GSM, Internet et GPS donnant lieu à trois projet, Sound, Vopos et Life Sharing.
Life Sharing et Vopos sont les deux étapes d’un projet global initié en 2000 intitulé Glasnost, qui consistait à contrôler et à rendre public en temps réel la plus grande quantité de données concernant un individu.
Life Sharing, actif de 2000 à 2003, interrogeait radicalement le concept de la propriété intellectuelle et les contradictions de l’intimité à l’ère de la technologie de l’information. Pour ce projet les Mattes donnait à n’importe quel utilisateur un accès libre et permanent à leur ordinateur : les programmes, le système, le bureau, les archives, les outils, les projets en cours et même le mail privé étaient publics. Pour Vopos, ils ont porté pendant un an (2002) un transmetteur GPS, envoyant leur coordonnées à leur site web. Un logiciel a dessiné leur position exacte sur une carte géographique numérique, établissant le chemin qu’a tracé tous les mouvements du couple nomade. Les informations sont disponibles sous forme de cartes accessibles par date.
Pour Sound, ils ont mis leur téléphone sous contrôle pendant un mois. Tous les usagers d’internet avaient un accès en temps réel à n’importe quelle conversation téléphonique à travers un site web. Les fichiers ont été manipulés par le collectif artistique de musique expérimentale Negativeland qui ont remisé et samplé les conversations dans un morceau intitulé What’s this noise ?

Expositions

Walker Art Center, nov. 2000
[http://gallery9.walkerart.org/]

Textes et documents de référence

GRZINIC Marina, A Hole in the Brain of the Machine, Gallery 9, Walker Art Center, 2000
[http://www.walkerart.org/gallery9/lifesharing/]
FULLER Matthew, Data-Nudism, An interview with 0100101110101101.org about life_sharing, Gallery 9, Walker Art Center, 2000
[http://www.walkerart.org/gallery9/lifesharing/]

John Evans, Drew Hemment, Theo Humphries, Mike Raento

Drew Hemment est un artiste, commissaire d’exposition et chercheur américain. Ses recherches dans le domaine de l’art concernent le renouvellement des formes artistiques liées aux technologies émergentes, des relations entre les artistes et le public. Il mène également un travail dans le domaine de l’innovation qui questionne les nouvelles formes de travail, de jeu et de création dans un environnement numérisé, connecté et collaboratif. Il agit, selon une démarche transversale, comme un intermédiaire entre l’économie artistique et numérique.
[http://www.drewhemment.com/]
John Evans s’intéresse aux interactions sociale dans le contexte des technologies mobiles, à la notion d’expérience partagée et d’intimité.
Theo Humphries est diplômé du Royal College of art.
[http://3eyes.co.uk/]

LOCA : Set to Discoverable, 2006.

John Evans, Drew Hemment, Theo Humphries, Mike Raento, LOCA : Set to Discoverable, « Wanda Sticker » 
Source :[http://www.flickr.com/photos/hemment/sets/72157602762942044/]

John Evans, Drew Hemment, Theo Humphries, Mike Raento, LOCA : Set to Discoverable, « Wanda Sticker »
Source :[http://www.flickr.com/photos/hemment/sets/72157602762942044/]

LOCA (Location Oriented Critical Art) est un dispositif urbain qui met en oeuvre des stratégies de pistage et de surveillance en tant qualités intrinsèques des Locative Media.
Il se compose d’un réseau de bornes bluetooth (Node Network), de stickers à poser dans la ville (LOCA Stickers), d’un lieu d’information et d’échanges (LOCA Stand), et de documents de diffusion et d’information (LOCA Pack),
The Node Network : à partir de la dissémination de bornes bluetooth encastrées dans du béton et dissimulées dans le mobilier urbain de la ville, les artistes tracent et communiquent avec les passants sans leur permission. Ils détectent les téléphones dont le bluetooth est ouvert et leurs envoient des messages inattendus, formulés de telle manière que leurs destinataires aient la sensation d’être observés.
Par exemple :
“We are currently experiencing difficulties monitoring your position : please wave your network device in the air” ou “You walked past a flower shop and spent 30 minutes in the park, are you in love ?”.
Quand des personnes sont détectées plus d’une fois, le ton des messages successivement envoyés à chaque détection se fait de moins en moins amical et de plus en plus intrusif, allant par exemple de “coffee later ?” à “r u ignoring me?”.
LOCA Stickers : les stickers ouvrent le dispositif vers le champ du jeu urbain en y introduisant une dimension participative. Quand ils scannent un appareil bluetooth, les participants peuvent noter son nom, l’heure et la date et le coller à l’endroit précis de la détection. Les stickers deviennent alors l’une des petites pièces d’un code de surveillance plus vaste qui rend visible et tangible les traces d’identité numériques.
LOCA Stand : Data Logs : les passants qui étaient captés par le réseau bluetooth sont guidés par les messages qu’ils reçoivent sur leur téléphone vers un stand où ils pouvant trouver des informations à propos du projet
qu’ils viennent d’expérimenter et où leur téléphone peut être scanné s’ils désirent recevoir une impression du tracé de leurs déplacements.
LOCA pack : Surveillance Code : le LOCA pack rend disponible au public les codes et les outils du dispositif. Ici, les auteurs réaffirment l’ambivalence des technologies de surveillance en compensant la mise en place d’un dispositif de surveillance par la divulgation de ses processus et méthodes, en fournissant à la fois les outils de la surveillance et les moyens de la contrer.
L’expérimentation du potentiel de surveillance embarquée dans les appareils mobiles à partir des traces identitaires laissées par leurs utilisateurs questionne l’ambivalence des technologies de surveillance alors qu’elles sont à la fois redoutées et mises en œuvre par ces utilisateurs. Le dispositif cherche, dans ce contexte, à éveiller la conscience du public à propos de l’usage qu’ils ont du réseau qu’ils contribuent à constituer. Il fonctionne à ce titre selon une rhétorique de l’accident, révèle l’inattendu, provoque directement le questionnement.
Mais le dispositif se retourne également sur lui-même et produit un discours de type spéculaire dans le sens où ses auteurs déclarent, en expérimentant directement l’une des prises critiques des Locative Media, contribuer au débats qui en constituent le contexte critique.

Expositions

Zero Zone, ISEA06, San Jose, 7-13 août 2006.
Grâce au déploiement de bornes bluetooth disséminées dans la ville, Pendant 7 jours, les membres du collectif ont pu observer pendant les 7 jours de la durée de l’événement les déplacements de plus de 2500 personnes, détectés plus de 500 000 fois. Ces données ont permis aux auteurs de produire une image détaillée de leurs mouvements.
Kiasma, Helsinki, 2005
RCA, London, 2005
Arte.mov, International Festival of Art and Mobile Media, Brazil, 2007

Textes et documents de référence

HEMMENT Drew, EVANS John, HUMPHRIES Theo, RAENTO Mika, « The LOCA Project : Locative Media and Pervasive Surveillance », In The Hothaus Papers : Paradigms and Perspective in Media Arts, A Vivid Publication in association with Article Press, UCE, J Gibbons & K. Winwood eds, 2006.
[http://eprints.lancs.ac.uk/30973/1/The_Loca_Project.pdf]
HEMMENT Drew, EVANS John, HUMPHRIES Theo, RAENTO Mika, « LOCA : Location Oriented Critical Arts, Locative Media Gallery, Leonardo Electronic Almanach
[http://www.leoalmanac.org/gallery/locative/loca/index.htm]
HEMMENT, Drew, « Symposium Presentation », in Dislocative – Arts, Technologie, Locality, 21 September 2008 ZAIM, Yokohama.
[http://dislocations.wordpress.com/symposium/drew-hemment/]

Written by Comments Off on John Evans, Drew Hemment, Theo Humphries, Mike Raento Posted in surveillance

Hasan Elahi

Hasan Elahi est un artiste américain originaire du Bangladesh dont le travail interdisciplinaire questionne les notions de surveillance et de temporalité, les systèmes de transport, les bordures et les frontières.
[http://elahi.umd.edu/]

Tracking Transcience, 2002


Hasan Elahi, Tracking Transcience, Vue de l’installation, Sundance Film Festival, 2008
Source : [http://elahi.umd.edu/]

Tracking Transience (Traquer l’Éphémère) est un site sur lequel Hasan Elahi  diffuse, de façon systématique, les images liées à tous ses déplacements, personnels ou professionnels, ainsi que sa position actuelle transmise par l’émetteur GPS qu’il porte sur lui en permanence.
Ce projet cherche à déjouer la surveillance dont il fait l’objet depuis sont arrestation en 2002 à Détroit, à la descente de l’avion qui le ramenait d’une exposition en Afrique de l’Ouest. Son homonyme figure en effet sur la liste des terroristes surveillés par le gouvernement américain. Il est alors emmené au centre de détention des services d’immigration de l’aéroport où il est interrogé par un agent du FBI et suspecté d’avoir fui la Floride en y abandonnant des explosifs. Il doit alors justifier tous ses derniers déplacements qui se trouvent heureusement  consignés dans l’agenda de son Palm. Il est finalement relâché mais ne sera blanchi qu’au bout de six mois d’investigations et de tests. Il n’a jamais pu, malgré ses demandes, obtenir de document qui l’innocente officiellement au prétexte qu’il n’a jamais été accusé de manière formelle…

Confronté à la toute puissance de la sécurité nationale américaine, soumis à une autorité qui a le pouvoir de vie ou de mort, au risque de se retrouver enfermé à Guantanamo, Hasan Alahi a tout dit de lui. Afin d’éviter qu’un tel épisode se renouvelle, et en accord avec le FBI, il décide d’informer les services de surveillance de chacun de ses déplacements, par téléphones d’abord, puis par mail, de plus en plus détaillés. Quelque soit la longueur de ses mails, le niveau de détails de ses informations, il recevait toujours la même réponse : « Thank you. Be safe. ». Alors que les données s’accumulaient, Elahi se demande si l’administration enregistre bien toutes ses données, si des erreurs ne sont pas commises qui pourraient lui porter préjudice. Il décide alors, en 2003, de créer un site internet sur lequel tous ses déplacements seraient consignés ainsi qu’un programme qui capte et affiche sur le site sa position actuelle. Elahi photographie tous les plats qu’il mange, les avions et les trains qu’ils prend, tous les lieux de transit qu’il fréquente. En procédant ainsi, il déjoue la stratégie de surveillance de l’administration par une formidable accumulation de données qui disent finalement peu de chose de qui il est vraiment.

« J’ai amené tout cela à un niveau détaillé pour en montrer l’absurdité. Je pensais qu’en donnant tellement d’informations sur moi, j’allais devenir pleinement anonyme finalement(… )»

Ce projet s’approprie le produit information des agences de renseignement pour le rendre inopérant par un effet de saturation, déjouant ainsi de l’intérieur la surveillance qu’elles exercent à son égard (elles consultent régulièrement le site) . Il devient une œuvre d’art par son positionnement critique, par la portée esthétique d’une telle accumulation d’images qui questionne l’identité individuelle et collective (« chacun peut se dire que ce type, ce pourrait être moi »), et la véritable nature de l’intime.

Tracking Transience a été exposée au Sundance Film Festival, Park City, UTAH en 2008 ; à la 52è Biennale de Venise en 2007 ; au Kulturbahnhof, Kassel en 2005 ; au Nederlands Instituute voor Mediakunst, Amsterdam en 2008 ; à Exit Biennal II: Traffic, New York en 2005 et à Works, San José en 2005.

Sources :

GUERIT, Christophe, Hasan Elahi, traqué volontaire, Ecrans, Liberation.fr, 23/05/2007
[http://www.ecrans.fr/Hasan-Elahi-traque-volontaire.html] – pdf

GUILLAUD, Hubert, Peut-on devenir anonyme en publiant tout de soi ?, InternetActu.net, 18/02/2011.
[http://www.internetactu.net/2011/02/18/peut-on-devenir-anonyme-en-publiant-tout-de-soi/] – pdf

GOEBEL Leanne, Hasan Elahi : Tracking Trasience in One on One at SITE Santa Fe, Art Writer, 02/04/2010.
[http://leannegoebel.com/2010/04/02/hasan-elahi-tracking-transience-in-one-on-one-at-site-santa-fe/] – pdf