Category: mémoire/trace

Jeremy Wood

Jeremy Wood travaille dans le domaine de l’art public à partir d’une approche singulière de la lecture et de l’écriture des lieux. Il explore le potentiel esthétique de la technologie GPS depuis plus de 10 ans par l’expérimentation quotidienne de l’enregistrement des tracés générés par le déplacement des corps et des objets, à l’échelle locale et planétaire, subjective ou collective.
[http://www.jeremywood.net/]

GPS Drawings, depuis 2000.

Jeremy Wood est certainement l’artiste le plus prolifique en matière de « GPS art ». Il tient galerie en ligne depuis 2000 où s’accumulent les traces de ses nombreuses expérimentations, témoignage d’une sorte de jubilation à dessiner, en toutes circonstances, sur la surface de la terre avec son propre corps pour crayon.
Les dessins peuvent déterminer à l’avance la trajectoire suivie qui sera alors restituée sous forme de traces GPS sur une carte du territoire parcouru dans une mise en perspective parfois anecdotique d’une caractéristique sociologique, historique ou topologique, (le signe d’un dollar sur Las Vegas), ou résulter d’un déplacement induit par un usage spécifique de l’espace (chute libre, dérive psychogéographique).
Ses pièces peuvent aussi renvoyer au paradoxe ultime de l’usage du GPS, celui de la recherche de la confusion spatiale qu’il peut générer en regard de la croyance en son exactitude qu’il véhicule.
Traiter dans ce corpus l’ensemble du travail de Jeremy Wood n’aurait pas été pertinent. Nous avons donc préféré en extraire quelques pièces emblématiques.

Meridians, 2005

meridians

Jeremy Wood, Meridians, (detail), True Places in Greenwich Park, London, 2006.
Source :[http://www.jeremywood.net/meridians.html]

Meridians a consisté à inscrire la citation de Herman Melville issue de Moby Dick : « It is not down in any map ; true places never are » en traversant Londres le long de deux méridiens « concurrents », tracés à deux époques différentes selon deux méthodes de calculs différentes (le GMT et le WGS84) qui présentent la caractéristique troublante de n’être pas parallèles.
« Ces deux standards sont inscrits sur mon dessin afin d’indiquer une série d’accords entre le local et les systèmes mondiaux étant donné que les sensibilités locales sont davantage dignes de confiance que les projections globales ». Notre navigation personnelle a évolué d’un regard porté vers le haut, l’observation des étoiles vers un regard tourné vers le bas, la consultation des terminaux numériques dans le creux de nos mains qui captent les signaux satellites. Les deux méridiens sont les extrémités de deux cartes qui ne peuvent se rejoindre : entre elles se trouvent des lieux qui n’existent pas. Dans cette zone d’ajustement, les hémisphères est et ouest ne peuvent s’emboîter »
« These two standards are marked on my drawing to indicate a range of agreements between local and worldwide systems since local sensibilities are more trustworthy than global projections. Our personnal navigation is evolving from satellites mediated by digital devices held in our palm. The two meridian lines are the edges of maps that don’t meet up : between them are places that don’t exist. Within this area of adjustment, the east-west hemispheres cannot be straddled »
Les traces GPS de la citation de Melville ont été superposées à une carte satellite et imprimée sur une bande de coton de 8,5 m de long pour exposition.

Projet commissioné par l’Institut de Design de l’Université du Minnesota pour Else/Where Mapping : New Cartographies of Networks and Territories, Minnesota Press, 2006

Data Cloud, 2008

Jeremy Wood, Data Cloud, vue de l’installation, Beatrix Park, Amsterdam. Source :[http://www.gpsdrawing.com/projects/datacloud.html]

Jeremy Wood, Data Cloud, vue de l’installation, Beatrix Park, Amsterdam.
Source :[http://www.gpsdrawing.com/projects/datacloud.html]

Data Cloud se présente sous la forme d’un amas de bancs positionnés comme si on les avait ainsi laissé tomber dans le parc Willy Nilly à Amsterdam. Cet arrangement incongru est en fait le résultat du système de calcul « très précis, mais pas très exact » du GPS.
Pour ce travail, Wood a placé un récepteur GPS sur chacun des deux bancs présents à l’origine sur les lieux et a noté leur position toutes les 10 secondes pendant 1 minute. La sculpture restitue, avec 12 bancs supplémentaires, les localisations successives des deux bancs originaux déterminées par le système GPS.

Mowing the Lawn, depuis 2000

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Jeremy Wood, Mowing the Lawn, Seasons, (Spring, Summer, Autumn & Winter), 2008.
Source :[http://www.jeremywood.net/lawn.html]

Jeremy Wood a pour habitude de restituer ses voyages sous forme de tracés GPS. La genèse même de ce travail provient de l’enregistrement de la trajectoire aérienne d’un vol entre Berlin et Londres en octobre 2000. Ces voyages peuvent être les siens ou ceux d’autres personnes, exceptionnels et effectués sur de longues distances ou ceux du quotidien le plus trivial. C’est à partir de ces derniers qu’est conçue Mowing the Lawn, puisque Wood enregistre depuis 2000 les tracés GPS qu’il effectue lorsqu’il tond la pelouse du jardin de sa mère dans le Comté d’Oxford. Chaque année, et pour toutes les saisons, les tracés produisent des projections de la forme du jardin dont on perçoit les évolutions au fil du temps par les bandeaux supplémentaires qui remplacent les ronces enfin arrachées ou les circonvolutions complexes qui se créent autour des arbres nouvellement plantés.

My ghost, 2000-2012.

my-ghost

Jeremy Wood, My Ghost, London GPS Map 2009.
Source :[http://www.jeremywood.net/my-ghost.html]

My Ghost restitue année par année, l’ensemble des traces des déplacements de Wood dans Londres nous révélant la carte d’une ville vécue, propice à l’émergence de souvenirs et de récits où le temps creuse les sillons de l’espace. Les plus foncés nous renvoient à ses itinéraires habituels, ceux qui connectent des amas noirs évoquent les lieux de son intimité, les plus clairs ceux de trajets plus occasionnels.
« Ce qui me frappe à la vue des tracés de quelqu’un est le déclenchements des souvenirs, c’est pourquoi je les désigne comme des journaux cartographiques. Ils sont l’enregistrement d’où je suis allé et le rappel redoutable de là où je dois encore me rendre. Dans les méandres des lignes, je peux lire mes trajets et mes ornières, et me remémorer la trame de mes aventures. Ils sont comme mon fantôme, capturé dans des lieux d’un temps différent. »
« What strikes me about seeing one’s own tracks is in the triggering of memories, which is why I refer to them as cartographic journals. They are a record of where I have been and a daunting reminder of where I have yet to go. Among the intricacies in the line qualities, I can read my routes and ruts, and recall my dithering and my adventures. They are of my ghost, captured in places of a different time. »

Documents de référence

LAURIAULT Tracey P., « GPS Tracing – Personnal Cartographies », in The Cartographic Journal vol.46 n°4, p.360-365, Art and Cartography Special Issue, nov. 2009.
[http://www.gpsdrawing.com/press/caj71-JeremyWood.pdf]

Expositions

[Meridians]
Sonar Festival, Barcelone, 2006
Geograms, TAG, La Haye, 2006
Graphic Material, UTS Gallery, Sydney, 2010
Mappamundi, Berardo Museum-Foundation, Lisbonne, 2011

Andrea Wollensak

Andrea Wollensak travaille et redéfinit les technologies de géolocalisation, explore la convergence du lieu, de l’identité et d el’histoire par des œuvres d’art in situ. À partir de son expérience dans le domaine du design graphique et des nouveaux médias, Wollensak met en œuvre le potentiel esthétique du GPS et de technologies similaires
[http://www.conncoll.edu/Academics/web_profiles/wollensak.html#]

Memory Markers, 2003.

Memory Markers procède de la révélation d’un lieu par la mise en relation du geste, de la mémoire et des traces laissées par les habitants.
Il a été mené en collaboration avec les habitants du quartier de l’Enclos à St Lô et des étudiants du programme de communication du Lycée Pierre et Marie Curie, dispositif installé dans la ville sous forme de représentations cartographiques, de zones de navigation spécifiques et de récits géolocalisés dans le but de renouveler la perception des lieux par ses habitants et ses visiteurs. La trace GPS est par définition le point de rencontre entre un dehors, une grille de connexion à l’échelle de la terre et un dedans, le lieu où l’on se trouve. De ce point de vue, les remparts de St Lô constituent un lieu d’investigation idéal par les dichotomies superposées qui le constituent l’intérieur, l’extérieur, l’ouvert, le fermé, l’historique, le contemporain, l’avant-guerre, l’après-guerre.
D’octobre à novembre 2003, les citoyens locaux étaient invités à utiliser leur récepteurs GPS dans St Lo pour enregistrer leurs mouvements dans la ville. Six “chemins-histoires” individuels représentant six types d’usagers différents ont ainsi pus être tracés.
En novembre 2003, les lycéens de St Lo ont collecté les données GPS et des images des points de repères choisis dans la ville ainsi que des récits auprès des habitants. Ils ont envoyé ces fichiers à l’auteur dans le Connecticut, et ont entamé un dialogue avec les étudiants du programme d’étude du Centre d’Art et de Technologie Ammerman qui ont participé au traitement des données et à la conception de la carte collective.
Des “memory markers” sous forme de panneaux bilingues sont positionnés comme points de repères dans la ville accompagnés d’une carte collaborative d’ensemble en version imprimée et numérique disponible sur le site web du projet.

Textes et documents de référence

WOLLENSAK Andrea, « Virtual Geographies, Borders and Territories : GPS Drawings and Visual Spaces » in ASCOTT Roy (Dir.) Reframing Consciousness, Art, Mind and Technology, p. 122-127, Intellect, 1999.

Teri Rueb

Teri Rueb est artiste et chercheur. Ses pièces questionnent les relations entre le son, l’espace et les mouvements humains dans des installations contextuelles et localisées et des espaces réactifs à grande échelle. Ses recherches traitent de la construction des paysages et de la subjectivité dans la culture des réseaux mobiles.
[http://www.terirueb.net/]

Itinerant, 1996-1999

Teri Rueb, Itinerant, Judi Rotenberg Gallery Source : [http://www.judirotenberg.com]

Teri Rueb, Itinerant, Judi Rotenberg Gallery
Source : [http://www.judirotenberg.com]

Itinerant invite ses visiteurs à faire une promenade dans Boston Common et les quartiers alentours pour expérimenter un travail sonore interactif qui rejoue le Frankenstein de Mary Shelley. Un second texte original est tissé dans l’espace, qui engage les promeneurs dans la recherche d’un personnage insaisissable qui est un double du docteur et de la créature à la fois. Les sons déclenchés par les participants alors qu’ils se déplacent dans la ville renvoient une perception d’une société de la mobilité, saturée de technologie et ses questionnements inhérents à propos de l’identité, du lieu et du déplacement.
La superposition sonore est aussi présentée comme une carte interactive sur le web.
Itinerant est commissionné par New Radio and Performing Arts, Inc. et financé par la fondation Jerome et la fondation LEF.

Textes et documents de référence

RUEB Teri, « Syncopated space – wireless media shaping human movement and social interaction », in The information society on the move, Receiver n°10, 2004
[http://www.terirueb.net/flash/syncspace.pdf]
RUEB Teri, « Sonic Spaee-Time: Sound Installation and Secondary Orality », in Consciousness Reframed, Center for Advanced Inquiry in Interactive Arts, 2002
[http://www.terirueb.net/publication/caiia.pdf]
HAWK, Byron, OVIETO Ollie, REIDER David, Small Tech: The Culture of Digital Tools, University of Minnesota Press, 2008.
HARRIGAN Pat, WARDRIP-FRUIN Noah, Second Person: Role-playing and Story in Games and Playable Media, MIT Press, 2007
WILSON, Stephen, Information Arts; Intersections of Art Science and Technology, MIT Press, 2003.

Trace, 1999

Teri Rueb, Trace, Hiker with knapsack Source : [http://www.terirueb.net/trace/index.html]

Teri Rueb, Trace, Hiker with knapsack
Source : [http://www.terirueb.net/trace/index.html]

Trace est le premier projet de Teri Rueb impliquant les technologies de géolocalisation.
Il s’agit d’une installation sonore interactive située au cœur d’un réseau de sentiers dans les Rocheuses canadiennes. Les visiteurs y randonnent munis d’un sac à dos contenant une unité GPS et un ordinateur, déclenchant des enregistrements sonores en fonction au fur et à mesure de leur progression. Les sons composent un paysage mémoriel, sorte de monuments invisibles érigés pour commémorer la perte et la disparition elles-mêmes.
Ce projet explore les notions de perte et de transformation au moment historique où la signification culturelle des concepts de mémoire, de présence et d’absence sont considérablement modifiées par le développement des technologies de l’information et de la communication. Il s’ancre conceptuellement dans la comparaison entre le rôle et la fonction culturelle des formes d’art commémoratifs et les technologies numériques : le monument occidental traditionnel et l’ordinateur personnel.
L’ordinateur en tant qu’outil culturellement signifiant se pose donc ici en tant que médium qui propose des pistes pour la compréhension des enjeux contemporains du temps, de la mémoire et de la mort.
Alors que les formes d’art commémoratives sont souvent associées à une esthétique conservatrice, Trace cherche à définir une alternative esthétique qui résiste à la centralité oculaire et phallique des formes commémoratives occidentales et des technologies numériques. En concevant Trace, Teri Rueb a essayé d’associer l’usage d’outils récents au désir d’enregistrer et de préserver en créant un monument contemporain spatialisé qui dessine un concept différent de temporalité, de mémoire et de monument public.
Projet co-produit par le Banff Center for the Arts.

Textes et documents de référence

RUEB Teri, « Syncopated space – wireless media shaping human movement and social interaction », in The information society on the move, Receiver n°10, 2004
[http://www.terirueb.net/flash/syncspace.pdf]
RUEB Teri, « Sonic Spaee-Time: Sound Installation and Secondary Orality », in Consciousness Reframed, Center for Advanced Inquiry in Interactive Arts, 2002
[http://www.terirueb.net/publication/caiia.pdf]
HAWK, Byron, OVIETO Ollie, REIDER David, Small Tech: The Culture of Digital Tools, University of Minnesota Press, 2008.
HARRIGAN Pat, WARDRIP-FRUIN Noah, Second Person: Role-playing and Story in Games and Playable Media, MIT Press, 2007
WILSON, Stephen, Information Arts; Intersections of Art Science and Technology, MIT Press, 2003.

Drift, 1999.

Teri Rueb, Drift, Teri Rueb « drifting «  Source :[http://www.terirueb.net/drift/drift2.html]

Teri Rueb, Drift, Teri Rueb « drifting «
Source :[http://www.terirueb.net/drift/drift2.html]

Drift prend comme point de départ le constat un peu désabusé que l’omniprésence et les capacités des technologies de géolocalisation oblitèrent l’expérience de la perte. Cependant, connaître la seule localisation de quelqu’un sous forme de l’expression de ses coordonnées de longitude et de latitude n’entretient aucune forme d’équivalence avec le sens de l’orientation ou la perception d’un lieu. Les sens continuent de poser les questions « où suis-je » et « où vais-je ? » à une époque où les technologies de localisation et de positionnement spatiaux y répondent de façon aussi précise qu’inconsistante.
Ce projet cherche à créer un espace de données qui permettent la déambulation, l’errance, la dérive, la perte. Il se présente sous la forme d’une installation sonore interactive installée sur un estran de la Mer des Wadden (Watten Sea) qui plonge ses visiteurs au sein d’un enchevêtrement sonore dont la distribution et la position réglée sur le rythme des marées, se modifie en permanence. Les sons sont constitués de fragments de textes littéraires et poétiques qui renvoient au thème de la perte, de l’errance et de la dérive et s’entendent dans des langues différentes ainsi qu’ils peuvent apparaître dans des contextes culturels différents, soulignant ainsi aussi l’errance du sens inhérent à la traduction.

Textes et documents de référence

RUEB Teri, « Syncopated space – wireless media shaping human movement and social interaction », in The information society on the move, Receiver n°10, 2004
[http://www.terirueb.net/flash/syncspace.pdf]
RUEB Teri, « Sonic Spaee-Time: Sound Installation and Secondary Orality », in Consciousness Reframed, Center for Advanced Inquiry in Interactive Arts, 2002
[http://www.terirueb.net/publication/caiia.pdf]
HAWK, Byron, OVIETO Ollie, REIDER David, Small Tech: The Culture of Digital Tools, University of Minnesota Press, 2008.
HARRIGAN Pat, WARDRIP-FRUIN Noah, Second Person: Role-playing and Story in Games and Playable Media, MIT Press, 2007
WILSON, Stephen, Information Arts; Intersections of Art Science and Technology, MIT Press, 2003.

Choregraphy Of Everyday Movement, 2001.

Teri Rueb, Choregraphy of Everyday Movement, « Dancer_2 GPS tracking of dancer's travels around Baltimore » Source :[http://www.terirueb.net/choregraph/index.html]

Teri Rueb, Choregraphy of Everyday Movement, « Dancer_2 GPS tracking of dancer’s travels around Baltimore »
Source :[http://www.terirueb.net/choregraph/index.html]

Pour The Choreography of Everyday Movement, Teri Rueb a travaillé avec des danseurs pour mener une réflexion sur la façon dont les systèmes de contrôle politiques et technologiques forme l’environnement construit et influencent nos mouvements quotidiens.
Les danseurs étaient équipés d’unités GPS utilisées pour enregistrer leurs trajets quotidiens, révélant sous forme de traces leurs mouvements et les jeux de forces dans l’espace construit de la ville : les itinéraires préférés, la concentration de mouvement dans un quartier particulier ou la répétition et la variation du mouvement d’un voyageur dans le temps.
La trace des mouvements de chaque danseur est transposée sous forme d’un dessin dynamique généré en temps réel retransmis sur le web.
L’ensemble de ces dessins sont ensuite archivés et imprimés sur acétate avant d’être enfermé entre deux plateaux de verres pour être exposés sous forme d’un volume composé de la superposition des plateaux.
L’empilement des verres grandit dans le temps avec l’addition des dessins, créant ainsi un axe en expansion à travers lequel le spectateur peut observer les changements de mouvement de chaque voyageur dans le temps. Les coordonnées GPS qui apparaissent de façon automatique dans les images sur le net sont effacées dans les impressions matérielles pour ne laisser ne laisser apparaitre que les traces.
Pour Teri Rueb, cette pièce illustre le concept de réflexivité dans le sens où il devient clair que la simple présence du système de repérage et des spectateurs sur le réseau influence profondément les mouvements des danseurs. D’autre part, l’économie même de la performance est manipulée par la reconfiguration de la relation entre performer et spectateur. Le performeur est observé simultanément par deux par deux groupes spectatoriels : au moment et sur les lieux de la performance et dans l’image enregistrée de cette performance. Le spectateur d’un groupe ne voit jamais le corps du performeur tel que le perçoit l’autre groupe. L’instauration de cette distance perceptive crée une économie du regard instable et médiaté qui contraste avec la performance live traditionnelle.

Projet réalisé en collaboration avec In H. Choi (développement applet Java et intégration mobile)

Expositions

Siggraph Art Gallery, 2002
[http://www.siggraph.org/artdesign/gallery/S02/workingartists/rueb/wa_artiststatement.html]

Textes et documents de référence

RUEB Teri, « Syncopated space – wireless media shaping human movement and social interaction », in The information society on the move, Receiver n°10, 2004
[http://www.terirueb.net/flash/syncspace.pdf]
RUEB Teri, « Sonic Spaee-Time: Sound Installation and Secondary Orality »,
in Consciousness Reframed, Center for Advanced Inquiry in Interactive Arts, 2002
[http://www.terirueb.net/publication/caiia.pdf]
HAWK, Byron, OVIETO Ollie, REIDER David, Small Tech: The Culture of Digital Tools, University of Minnesota Press, 2008.
HARRIGAN Pat, WARDRIP-FRUIN Noah, Second Person: Role-playing and Story in Games and Playable Media, MIT Press, 2007
WILSON, Stephen, Information Arts; Intersections of Art Science and Technology, MIT Press, 2003.

Invisible Cities | Sounding Baltimore, 2001-2002.

Chaque ville est une topographie superposée d’histoires physiques, sociales, politiques et culturelles qui en définissent le paysage urbain et l’identité culturelle de ses habitants. Invisible cities | Sounding baltimore invite les habitants de Baltimore à décrire leur ville – une ville qui se définit de plus en plus par les coups de brosses superficiels des « cop shows » télévisés, l’industrie du tourisme et les récits du délabrement urbain par les habitants de banlieue – par l’articulation de leur mouvements quotidiens dans la ville.
Les mouvements des habitants et des visiteurs dans l’espace urbain définissent les contours d’une série de récits spatialisés dont la présence est à la fois sonore et visuelle. Une série d’enregistrements audio présentés sous forme de strates sonores invisibles sont disposés dans le paysage urbain. Ces enregistrements sont issus de la contribution d’habitants de la ville qui ont permis à Teri Rueb de se joindre à eux pendant leurs trajets quotidiens en voiture ou à pied. Dans la pièce finale, des fragments de ces récits sont entrecoupés d’éléments du paysage sonore extraits des lieux auxquels ils se réfèrent. Les visiteurs de l’installation utilisent des oreillettes sans fil interactives ou leur propre oreillette pour écouter ces enregistrements pendant qu’ils conduisent ou marchent le long des différents « chemins d’histoires », ou qu’ils croisent leur route. Parallèlement, des représentations 3D interactives composées de la superposition stratigraphique des contours visuels des mouvements des habitants ou des visiteurs dans la ville sont exposées dans une galerie ou un musée. Les contenus sonores correspondants peuvent être activés en touchant un point le long de l’une des lignes d’intersection qui représentent les chemins dans l’installation.
La superposition stratigraphique des histoires et des chemins devient de plus en plus dense au fur et à mesure que le nombre de visiteurs et de contributeurs au projet augmente. Les schémas d’usage du système de circulation urbaine et leur dimension narrative, politique et poétique sont révélés dans le temps pour traiter les tensions entre intérieur/extérieur, tourisme/local, public/privé, mobilité sociale/stagnation, renouvellement/délabrement urbain. Plutôt que de réifier de telles dualités, le projet cherche à rendre visible les interrelations des diverses communautés et se demande comment les lignes d’intersection et les schémas révèlent une définition collective des entrelacs complexes de l’espace urbain, du mouvement et de l’identité.

Textes et documents de référence

RUEB Teri, « Syncopated space – wireless media shaping human movement and social interaction », in The information society on the move, Receiver n°10, 2004
[http://www.terirueb.net/flash/syncspace.pdf]
RUEB Teri, « Sonic Spaee-Time: Sound Installation and Secondary Orality », in Consciousness Reframed, Center for Advanced Inquiry in Interactive Arts, 2002
[http://www.terirueb.net/publication/caiia.pdf]
HAWK, Byron, OVIETO Ollie, REIDER David, Small Tech: The Culture of Digital Tools, University of Minnesota Press, 2008.
HARRIGAN Pat, WARDRIP-FRUIN Noah, Second Person: Role-playing and Story in Games and Playable Media, MIT Press, 2007
WILSON, Stephen, Information Arts; Intersections of Art Science and Technology, MIT Press, 2003.

Esther Polak

Esther Polak vit et travaille à Amsterdam. Son activité de concepteur graphique pour plusieurs revues l’amène à s’intéresser à l’influence mutuelle du texte et de l’image, puis à engager sa pratique dans le champ plus vaste de la médiation technologique, sociale et culturelle.
[http://www.estherpolak.nl/]

Amsterdam Real Time, 2002-2003

Esther Polak, Amsterdam Real Time, Vue de la carte complète (copie d’écran) Source : [http://realtime.waag.org/]

Esther Polak, Amsterdam Real Time, Vue de la carte complète (copie d’écran)
Source : [http://realtime.waag.org/]

Chaque habitant d’Amsterdam a dans sa tête une carte invisible de la ville qui détermine la façon dont il s’y déplace. Amsterdam RealTime tente de visualiser cette “carte mentale” en examinant la
façon dont se trace la mobilité des usagers de la ville. Pendant 2 mois (du 3 octobre au 1er Déc. 2002) environ 60 habitants d’Amsterdam étaient invités à se doter d’une unité de traçage constituée d’un appareil portable développé par Waag Society équipé d’un GPS. En utilisant les données satellite, le traceur calcule sa position géographique, envoie ces données en temps réel vers un point central. En rendant visible ces données sur un fond noir, des points, des traces et des lignes apparaissent. À partir de ces lignes une carte d’Amsterdam se construit d’elle-même, composée des seuls mouvements des habitants en dehors du référencement traditionnel des rues ou les blocs de bâtiments.
Quand des types différents d’usagers dessinent leurs lignes, il devient clair pour le récepteur à quel point la carte d’Amsterdam peut-être individuelle. Un cycliste va produire des itinéraires complètement différents de ceux d’un automobiliste. Ce sont les moyens de transport, la position du domicile, du lieu de travail ou d’autres activités et la carte mentale d’une personne en particulier qui déterminent ses traces. Dans ce sens, une carte d’Amsterdam toujours changeante, toujours à jour et toujours subjective va naître. Les participants reçoivent une impression de leurs routes personnelles à travers la ville, leur journal de traces.
Aux 150 ans de vision cartographique influencée par le regard surplombant du cartographe se superpose une carte vivante du même Amsterdam, créée par les technologiescontemporaines. Le visiteur se voit alors proposer une lecture cartographique dans laquelle il est directement convoqué dans une référence constante aux notions de voyeurisme, d’identification et de participation (des informations concernant l’identité des participants sont disposées sur une table, il peut à tout moment interrompre le processus collectif en demandant au système de reconstruire en accéléré l’une des traces sur une carte vide).
La carte issue du projet est toujours visible sur le web
Projet développé en collaboration avec la Waag Society, Amsterdam

Expositions

Maps of Amsterdam, 1866-2000, Amsterdam City Archive, Amsterdam, 2003.
[http://www.waag.org/project/amsterdamrealtime]

Textes et documents de référence

POLAK, Esther, Mental Map / Real Map, Journal For Insiders 1, 2002
[http://www.beelddiktee.nl/tekst/JournalForInsiders01.pdf]

Esther Polak, Entretien avec Andrea Urlberger, in URLBERGER, Andrea, Paysages technologiques, Théories et pratiques autour du GPS, 2005 / 2007
[http://www.ciren.org/ciren/laboratoires/Paysage_Technologique/art/polak/index.html]

Milk, 2002-2003 & Nomadic Milk, 2009

Esther Polak, Nomadik Milk, Esther Polak with the sand drawing robot, Niger, 2009. Source :[http://roomthily.tumblr.com/post/799108847/esther-polak-with-the-sand-drawing-robot-from-the]

Esther Polak, Nomadik Milk, Esther Polak with the sand drawing robot, Niger, 2009.
Source :[http://roomthily.tumblr.com/post/799108847/esther-polak-with-the-sand-drawing-robot-from-the]

« When you look at a specific kind of landscape you get a certain image that doesn’t necessarily tells you anything about the reality of the space. It’s very interesting for me to try to make visible the mobility that is expressed by the landscape as a very strong reality, and the economic power behind it. »
« Lorsque l’on regarde un type de paysage spécifique, on en obtient une
certaine image qui ne rend pas forcément compte de la réalité de cet espace. Ce qui est intéressant à mes yeux est de rendre visible la mobilité qui s’exprime dans le paysage comme d’une réalité très forte, ainsi que celle du pouvoir économique caché derrière.»(1)

Milk est une interprétation des paysages, des mobilités, et des dimensions économiques complexes générées par la route du lait depuis
Latgale en Lettonie, où le lait est produit, jusqu’aux pays bas où il est consommé. Un dispositif GPS repère et restitue les trajets des acteurs de ce réseau représentés par 9 participants d’un bout à l’autre de la chaîne : éleveurs lettons, grossiste laitier, propriétaire de l’usine de fromage, transporteurs, fromagers, consommateur. Le projet consiste à relier les traces GPS de chacun des participants, représentées sous formes de tracés projetés sur un écran, à leurs propres réactions et commentaires rassemblés dans un film projeté
simultanément sur un autre écran. Contrairement à un film documentaire classique, se sont ici les tracés GPS qui génèrent la narration. Moins que la vie quotidienne de ses participants, il met en évidence les effets d’une forme de médiation spécifique au GPS, celle d’une cartographie permanente de sa propre vie et la manière dont elle se relie à celle des autres. Le dispositif témoigne des questions sociales, économiques ou des histoires personnelles liées à la chaîne de production et de commercialisation du lait, sans les traiter de manière frontale mais en les laissant émerger de leur contexte.
Projet réalisé en collaboration avec Ieva Auzina, Markus The (programmation)
 et Raitis Smits (site web).

NomadicMilk est construit selon le même modèle que Milk, mais se situe au Niger, où il suit les déplacements des acteurs du circuit de production et d’acheminement des produits laitiers.
NomadicMilk implique directement deux types d’acteurs : les Fulani et les transporteurs des produits laitiers de la marque PEAK. Ces derniers sont très présents dans l’alimentation quotidienne des Nigérians où on les trouve vendus un peu partout, la plupart du temps dans de très petites boutiques. Leur acheminement depuis les énormes containers du port le Lagos demeure quelque peu mystérieuses. Les Fulani sont des gardiens de troupeau nomades qui partent avec leur bétail pour des migrations annuelles afin de trouver de l’eau. Ces tracés de migration on été soigneusement choisis, à partir de la connaissance pratique ancestrales et des situations contemporaines à l’intérieur et à l’extérieur des camps.
Pour ce projet, un outil de visualisation spécifique a été conçu sous la forme d’un robot capable de dessiner avec du sable les traces GPS enregistrées des nomades et des transporteurs. Les dessins obtenus sont permettent de visualiser les déplacements dans l’espace mais aussi dans le temps : quand la trace GPS s’arrête, le robot reste immobile mais continue à laisser couler le sable, formant ainsi de “petits tas de temps” sur la ligne du mouvement. L’installation comprend ensuite cette trace de sable, ainsi que des films composés des commentaires des participants et des images des paysages traversés, constituant ainsi une sorte de forme contemporaine de représentation des paysages agrestes.

(1) Esther Polak, Entretien avec Andrea URLBERGER, in URLBERGER Andrea, Paysages technologiques, théories et pratiques autour du GPS, 8 sept. 2005, Centre pour l’Image Contemporaine, Genève, 2008.

Expositions

[Milk]
Dutch Ministry of Agriculture, Nature and Food Safety (LNV), 31 oct. – 5 déc. 2005, La Haye.
Cyberart Exhibition, en tant que lauréat du prix “Golden Nica” Ars Electronica 2005, O.K Center for Comtemporary Art, 1er – 18 sept. 2005, Linz.
Making Things Public, ZKM, 19 mars – 31 août 2005, Karlsruhe.
Justus Lipsius Building, 21-22 déc. 2004, Brussels.
AgroVak, 14-17 déc. 2004, Brabanthallen
Musée Rumbini, 2 – 10 oct. 2004, région de Limbazi, Lettonie

[NomadicMilk]
IAAF, 5-11 nov., Lagos, Nigeria.
Zaal 5, 3-24 fév., La Haye.
Who’s map is this, Iniva, 2 juin – 24 juillet 2010, Londres.
7è festival International du Film Amakula, 5-11 nov. 2010, Kampala.
ElectroSmog, 18-20 mars 2010, Amsterdam.

Textes et documents de référence

POLAK, Esther, Mental Map / Real Map, Journal For Insiders 1, 2002
[http://www.beelddiktee.nl/tekst/JournalForInsiders01.pdf]

Esther Polak, Entretien avec Andrea Urlberger, in URLBERGER, Andrea, Paysages technologiques, Théories et pratiques autour du GPS, 2005 / 2007
[http://www.ciren.org/ciren/laboratoires/Paysage_Technologique/art/polak/index.html]

Plan B (Sophia New + Daniel Belasco Rogers)

plan b (Sophia New + Daniel Belasco Rogers) réalise des œuvres in situ et explorent leur relation distincte ou conjointe, ou celle de ses habitants à un lieu. Leurs projets mettent en œuvre une grande variété de formes et de médium, issus de l’association de leurs pratiques personnelles (Sophia New pratique la vidéo et l’installation, Daniel Belasco Rogers la performance et la cartographie GPS de ses déplacements). Ensemble, ils réalisent des installations, des écrits, des performances, des projets de locative media, des marches et des pièces de théâtre qui reposent souvent sur ce qu’ils appellent le « texte temps réel » en tant que matériau développé sur les lieux des projets, enregistré puis présenté au public. Nigel Helyer est sculpteur et artiste sonore. Très impliqué dans le domaine de la recherche et des projets collaboratifs, il est associé honoraire du Architectural Acoustics à l’Université de Sydney, partenaire de recherche industrielle, University of New South Wales dans le domaine de la Réalité Virtuelle Sonore et collabore au SymbioticA lab, University of Western Australia.
http://planbperformance.net/

The drawing of my Life, 2003-

Daniel Belasco Rogers, The Drawing of my Life, « One Year Drawing Berlin », 2007 Source :[http://planbperformance.net/index.php?id=danmapping#c273]

Daniel Belasco Rogers, The Drawing of my Life, « One Year Drawing Berlin », 2007
Source :[http://planbperformance.net/index.php?id=danmapping#c273]

The Drawing of My Life est l’accumulation des enregistrements des tracés GPS de Daniel Belasco Rogers qu’il effectue et retranscrit sous forme cartographique systématiquement et pour tous les lieux dans lesquels il se rend depuis 2003.
Il interroge ainsi le sens des dessins réalisés sur la surface de la terre par les mouvements de son propre corps. Sophia New l’a rejoint dans cette pratique en 2007.
Le projet de savoir à quoi ressemblerait « le dessin de sa vie » a commencé quand il a quitté Londres où il est né et a grandi pour vivre à Berlin. Affligé par l’idée que sa connaissance intime de Londres, de ses trajets personnels, des histoires et des événements qui en guident la lecture, devenait inutiles dans une nouvelle ville, il a peu à peu réalisé que sa méconnaissance de Berlin lui offrait une option que Londres lui refusait : celle de la découverte. C’est alors qu’est née la pratique de tracer systématiquement tous ses déplacements dans cette ville devenue territoire d’exploration, de se renvoyer à lui même le processus d’apprentissage de la ville, de se voir lui-même la rejoindre.
Il a étendu cette pratique à tous les lieux où il se rend depuis avril 2003. Les échelles des territoires des trajets vont du quartier d’une ville à la surface d’un continent ou d’un hémisphère.

Expositions

Navigating the Everyday, Art Laboratory Berlin, 27 janv. – 11 mars 2012, Berlin.
The Mobility Project, Meter Room, 19 janv. – 19 fev. 2012, Coventry.
The Mobility Project, Galerie Suvi Lehtinen, 24 juin – 24 juillet 2011, Berlin.
Tracing Mobility, Haus der Kulturen der Welt, 24 nov. – 12 déc. 2011, Berlin.
Utopies et innovations / Architectures transfrontalières, Musée Fernet Branca, 16 oct. – 30 déc. 2010, Basel.
Arte.mov Festival, 17 nov. – 4 déc. 2010, Belo Horizonte, Sao Paulo.
Lines of Desire, Oriel Davies Gallery, 28 août – 3 nov. 2010, Powys.
Holding Time, Bharatiya Vidya Bhavan, 8 – 14 avril 2010, Londres.

Textes et documents de référence
BELASCO ROGERS Daniel, « The Daily Pratice of Map Making », in HARDJANEGARA Linda, ASH Nick, Radius Berlin, 2004, Radius, p. 22-27.
[http://planbperformance.net/fileadmin/user_upload/texts/writing/DailyPracticeMapMaking.pdf]

Fortysomething, 2007.

Daniel Belasco Rogers, Fortysomething, 2007 Source :[http://planbperformance.net/index.php?id=fortysomething]

Daniel Belasco Rogers, Fortysomething, 2007
Source :[http://planbperformance.net/index.php?id=fortysomething]

Fortysomething, est un paysage sonore pour le 40è Steirischer Herbst, Graz.
Si la ville pouvait enregistrer les pensées et la mémoire de ses habitants, il s’entendraient des voix en qui évoquent les œuvres d’art qui furent et demeurent aux alentours, les œuvres issues de quarante ans de Steirischer herbst.
Pour célébrer le quarantième anniversaire du « Steirischer herbst », Belasco et New ont crée un paysage sonore activé par GPS qui classe, interroge et révèle les événements qui ont eu lieu dans les rues de la ville pendant le festival. Art public, sculpture, happenings, performances et concerts ont tous été commémorés sur les lieux de leur déroulement par les voix de ceux qui étaient là. Les directeurs des festivals précédents, les artistes et tous ceux impliqués dans les pièces, aussi bien que les passants ont été sollicités pour ajouter leur mémoire à un paysage oral que le visiteur parcoure pendant qu’il explore la ville. Chaque auditeur a une expérience différente de la pièce en fonction de son itinéraire et de la précision de la réception GPS ce jour là.
L’auditeur reçoit un sac spécialement conçu par Heidenpass qui contient le récepteur GPS et un PDA avec lequel ils parcourront les rues. Cet équipement réagit à la localisation par la diffusion de l’enregistrement sonore correspondant. Tout ce que le visiteur doit faire est marcher pour trouver les histoires, rester sur les lieux pour entendre l’intégralité de l’enregistrement ou partir pour en trouver un autre. Ils reçoivent en plus une brochure contenant des images des événements des années précédentes avec une carte qui définit les zones où les sons, les histoires et les interviews peuvent être écoutés.
Le logiciel (Mscape, crée et financé par HP) permet de superposer plusieurs sources sonores dans une seule zone de façon à ce qu’à chaque visite de nouvelles choses puissent être écoutées. Quand un auditeur quitte la zone, le volume sonore décroît progressivement et redémarre au moment où il s’est arrêté quand la zone est de nouveau visitée.

Expositions

« Fortysomething », steirischer herbst, 21 sept – 4 nov 2007, Graz.

Walks on Water, 2007.

Daniel Belasco Rogers, Walks on Water, 2007 Source :[http://planbperformance.net/index.php?id=walksonwater]

Daniel Belasco Rogers, Walks on Water, 2007
Source :[http://planbperformance.net/index.php?id=walksonwater]

Walks on Water est une performance menée pendant le « Stromerein Festival » à Zurich. Pendant 24 heures (4 heures pendant les 6 jours du festival), les artistes ont marché le long des berges de la (du) Limmat, en empruntant le plus d’itinéraires possibles, et en repassant plusieurs fois sur leurs propres pas afin de générer des dysfonctionnements du traçage GPS qui donne ainsi l’impression qu’ils ont marché sur l’eau pour en raccorder les deux rives. La technique utilisée repose sur une inexactitude ordinairement peu appréciée des GPS. D’autre part, leur déplacement reposait sur la condition d’entrer en relation avec les visiteurs et les habitants croisés, qui étaient alors sollicités pour partager leur promenade en évoquant les réflexions et souvenirs à propos de la rivière qu’ils sont en train de longer. Les artistes devaient impérativement, pour accomplir leur route, être accompagné par quelqu’un. Sinon, ils restaient immobiles, attendant un compagnon de route.
La performance était restituée chaque soir sous forme de tracés projeté sur un support cartographique accompagné de la diffusion des enregistrements récoltés auprès des visiteurs.

Expositions

Stromerein Festival, 2-9 août 2007, Zurich.

A Day in the Life. Walkers of Birmingham, 2010 – 2011.

Daniel Belasco Rogers, A Day in The Life, 2011, Vue de l’intallation, Mac, Birmingham. Source :[http://planbperformance.net/index.php?id=danmapping#c273]

Daniel Belasco Rogers, A Day in The Life, 2011, Vue de l’intallation, Mac, Birmingham,
Source :[http://planbperformance.net/index.php?id=danmapping#c273]

A Day in the Life, Walkers of Birmingham est une performance collaborative menée pendant le Fierce Festival 2011. Il s’agit d’un portrait de la ville de Birmingham réalisé sous forme de tracés GPS de ses habitants projetés sur une échelle temporelle de 24 heures. L’expérience quotidienne et partagée d’une ville se trace ainsi peu à peu, par un éloge de la marche, d’un contact direct avec le sol de la ville, dont les lignes sont visuellement plus épaisses que celles laissées par les déplacements effectués avec d’autres moyens de transport. L’expérience est transposée sous forme d’animation cartographique accompagnée des commentaires et des récits des participants.

Expositions

« A Day In The Life, The Walkers of Birmingham Project », Fierce Festival, MAC, Mars 2011, Birmingham

Gwen Mac Gregor

Gwen MacGregor est une artiste canadienne, spécialisée dans les installations et les vidéos. Elle observe dans son travail le temps qui passe, comment il modèle les petits drames et les situations inattendues. Elle travaille depuis 2008 avec Sandra Rechico.
[http://cargocollective.com/MacGregorRechicoProjects]
[http://www.jessicabradleyartprojects.com/artists/gwen_macGregor/show]

3 months Toronto / New York, 2004

Gwen MacGregor, 3 Month Toronto / New York, image extraite de la vidéo 
Source : [http://www.jessicabradleyartprojects.com/artists/gwen_macGregor/image?image_id=110]

Gwen MacGregor, 3 Month Toronto / New York, image extraite de la vidéo
Source : [http://www.jessicabradleyartprojects.com/artists/gwen_macGregor/image?image_id=110]

« 3 Months New York/Toronto est une courte animation (1’, format dv), premier élément d’une série de travaux utilisant des informations données par le système GPS. Pendant trois mois, Gwen MacGregor a déambulé, au gré de ses activités, dans les rues de New York et de Toronto. Des trajets captés, traqués au GPS et qui, dans ce film, sont restitués. L’écran est coupé en deux. A gauche, apparaissent les tracés New-Yorkais. A droite, ceux de Toronto. Ajour après jour, seconde après seconde, un chemin s’inscrit sur l’écran puis disparaît pour ne laisser qu’une emprunte effacée, fantomatique. Un dessin alambiqué, seulement dépendant de la géographie de chaque ville, et au travers duquel transparaît les répétitions et les changements quotidiens. L’empreinte des moments ordinaires. »
(Texte de présentation du catalogue des Rencontres Internationale Paris/Berlin 2006.)

Expositions
Rencontres Internationales Paris/Berlin, 2006.
[http://www.art-action.org/site/fr/catalog/archive/06/index_lmn.htm]
Cartographies#1, Galerie Ho, 26 avril – 19 mai 2007, Marseille.

Floppy Map, Data (Münster), 2008

Gwen MacGregor, Sandra Rechico, Floppy Map (Montréal), vue de l’installation, Galerie B312, Montréal, 2009. Photo credit: Paul Litherland 
Source : [http://cargocollective.com/MacGregorRechicoProjects/Maps-in-Doubt]

Gwen MacGregor, Sandra Rechico, Floppy Map (Montréal), vue de l’installation, Galerie B312, Montréal, 2009.
Photo credit: Paul Litherland
Source : [http://cargocollective.com/MacGregorRechicoProjects/Maps-in-Doubt]

Floppy Map (Montréal) et Data (Münster) font partie de la série Map in Doubt. Map in Doubt met en œuvre l’intérêt conjoint des artistes pour l’enregistrement de leurs traces GPS et consiste en une série de pièces qui interprètent de façon différente les données GPS collectées dans Toronto, Montréal, Münster et Kassel lors de leurs voyages récents. Ce travail pose un regard critique sur les hypothèses, répandues mais peu analysées, qui questionnent la surveillance des espaces habités, sur ce qui doit être cartographié précisément ou objectivement.
Pour Floppy Map, les artistes ont enregistré leur mouvements par GPS pendant qu’elles se trouvaient à Montréal pendant la même période en 2007. Le projet se présent sous la forme d’une installation où leurs trajets ont été reproduits en bandes de silicones de couleurs distinctes suspendues au mur mais épinglées de façon très éparse de façon à laisser la gravité agir et affaisser le plan.
Data (Münster) se présente sous la forme d’un dyptique (impressions numériques) qui expose la méthode suivie par Sandra et Gwen pour enregistrer leurs mouvements dans les villes qu’elles traversent : la longue liste des coordonnées enregistrées par le GPS d’un côté et le carnet sur lequel Sandra notent tous ses déplacements à la main.

Expositions
Mercer Union, 24 oct. 2008 – 29 nov. 2008, Toronto.
[http://www.mercerunion.org/show.asp?show_id=605]
Galerie B132, 2009, Montréal

Masaki Fujihata

Masaki Fujihata est un artiste japonais né à Tokyo en 1956, pionnier de l’art numérique, qui a commencé à travailler la vidéo et l’image numérique au début des années 80. Il est un explorateur des techniques, souvent le premier à les expérimenter dans un travail artistique. Il en a été ainsi pour la stéréolithographie et plus récemment pour le GPS. Plus connu pour ses installations interactives en réseau, il s’est notamment rendu célèbre par sa pièce Light on the Net (1996) qui permettait aux internautes d’allumer ou d’éteindre à distance l’une des 49 lampes disposées en matrice dans le hall de l’entreprise Softopia à Gifu.
[http://www.fujihata.jp]

Impressing Velocity [Mt Fuji], 1992-1994

Masaki Fujihata, Impressing Velocity.  
Source :[http://turbulence.org/blog/2011/06/15/impressing-velocity-by-masaki-fujihata/]
Masaki Fujihata, Impressing Velocity.
Source :[http://turbulence.org/blog/2011/06/15/impressing-velocity-by-masaki-fujihata/]

Impressing Velocity est la pièce inaugurale de la série des Field-Works.
En 1992, Masaki Fujihata escalade le Mont Fuji équipé d’un émetteur GPS, d’un ordinateur portable et d’une caméra 8 mm. À son retour, il dispose de données vidéo et de données de localisation qu’il s’agit de mettre en dialogue dans un dispositif qui rende compte de l’ascension. Ce qu’il cherche à en révéler sont les traces de la mémoire, telle qu’elle se constitue en couches successives, celle du corps et de l’expérience directe, celle qui s’inscrit du des supports d’enregistrement et celle du montage qui en fait. Pour y parvenir, il choisit un critère, celui de la vitesse de la marche. Le projet lui permet de comparer les différences entre l’impression de la vitesse de son ascension issue de son expérience directe et celle venant de l’image composée par ordinateur. « Je ne saurais dire laquelle est juste ou non»(1), écrit-il.
Impressing Velocity n’a été exposée que deux ans plus tard, à l’ICC de Tokyo. L’installation se composait alors de plusieurs éléments :
– un modèle topographique du Mt Fuji en couche de bois contreplaqué
– un moniteur permettait de visualiser la trace GPS enregistrée sous forme d’image fil de fer tridimensionnelle. Cette image comporte des points cliquables qui sont reliés à des vidéos de l’ascension dont la visualisation permet de comprendre la représentation déformée du Mt Fuji.
– une représentation en trois dimensions du volcan déformée sur la base du critère du rythme de la marche. Plus la marche est rapide, plus la forme se contracte, plus la marche est lente, plus le volcan s’allonge. Le sommet du Mt Fuji se retrouve ainsi surmonté d’un éclatement de pics, trace de l’arrêt des marcheurs à son sommet.

(1) Masaki Fujihata, Impressing Velocity Project, 1994, In Artifices 3, Mises en mémoire, accès à la mémoire, 5 nov. – 4.déc. 1994.

Expositions

ICC, Inter Communication Center, Tokyo, 1994.

Textes et documents de référence

BARRON, Stephan, Masaki Fujihata, Technoromantisme, sd.
[http://stephan.barron.free.fr/technoromantisme/fujihata.html]
FUJIHATA Masaki, Preface, Impressing Velocity, Masaki Fujihata Open Atelier, 15/07-11/08 1994, ICC Gallery.
[http://www.ntticc.or.jp/Archive/1994/Impressing_Velocity/preface.html]
BOISSIER, Jean-Louis, Entretiens avec Masaki Fujihata, Art des Nouveaux Medias, Blog de documentation et d’analyse des arts des nouveaux médias, article publié le 7 avril 2008.
[http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=278]
BOISSIER, Jean-Louis, Masaki Fujihata (exposition), Trois oeuvres mobilisables,
[http://www.mobilisable.net/2008/?page_id=130]
Entretien avec Andrea URLBERGER, in URLBERGER Andrea, Paysages technologiques, théories et pratiques autour du GPS, 8 sept. 2005, Centre pour l’Image Contemporaine, Genève, 2008.
[http://www.ciren.org/ciren/laboratoires/Paysage_Technologique/art/fujihata/index.html]
Masaki Fujihata, Impressing Velocity Project, 1994, In Artifices 3, Mises en mémoire, accès à la mémoire, 5 nov. – 4.déc. 1994.
[http://www.ciren.org/artifice/artifices_3/instal/Fujihata.html]

Field-Works, 1994-

Masaki Fujihata, Field-Work@Alsace, ZKM, Karlsruhe, 2002. 
Source : [http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=279]
Masaki Fujihata, Field-Work@Alsace, ZKM, Karlsruhe, 2002.
Source : [http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=279]

La série des Field-Works est constituée de projets qui se développent de façon spécifique à la géographie et à l’histoire du lieu sur lequel ils se déroulent. Les Field-Works sont des représentations de l’espace géographique à l’épreuve du corps. Ce sont des promenades pendant lesquelles la rencontre avec les habitants et le paysage d’un territoire sont saisis pour être retranscris sous forme de « vastes espaces-temps cartographiques »(1) dans des installations où les enregistrements sonores et visuels sont disposés en trois dimensions le long des tracés GPS des parcours. « Les données récoltées lors des promenades et des parcours sont assemblées dans un ordinateur, découpées et recomposées dans un espace numérique. Les cadrages sont accrochés le long des tracés GPS, recomposant les plans dans l’espace-temps. Le spectateur voit alors, reconstruit sur l’écran de projection, les différentes vues prises au cours de la promenade, replacées avec exactitude dans leur déroulement spatio-temporel grâce aux coordonnées fournies par le GPS, qui sert de fil de lecture».(2) Il peut naviguer dans ces différents plans par l’intermédiaire d’un disque de verre rotatif, placé devant l’écran de l’installation. Ces cadrages vidéos sont donc disposés dans un espace numérique en trois dimensions, mais ils adoptent dans cet espace l’orientation et les mouvements de la caméra, marquant ainsi par la recomposition de ses gestes, la présence du preneur de vue.
Pour les Field-works, l’artiste, accompagné d’une petite équipe d’assistants, équipés d’instruments d’enregistrement sonores et vidéos, d’un GPS et d’un ordinateur pénètrent dans un lieu pour cartographier et visualiser la « réalité » d’un espace, située quelque part entre l’objectivité de la mesure du GPS et la subjectivité de la prise de vue, et captée en fonction de l’activité et des comportements humains. Il s’agit de s’approcher au plus près d’un territoire par l’expression d’un processus personnel d’interaction avec le paysage en le représentant à l’aide de données à la fois objectives et subjectives et en découvrant à chaque fois de manière différente un mode de relation aux habitants et à leur espace, à la fois poétique et documentaire.
La série des Field-Works a été initiée par le projet Impressing Velocity, Mont Fuji, 1992-1994, qui consacre également Masaki Fujihata comme le premier artiste à avoir utilisé le GPS dans l’une de ses pièces.

(1) BOISSIER, Jean-Louis, Masaki Fujihata (exposition), Trois oeuvres mobilisables.
(2) Masaki Fujihata, Field-Works, Centre pour l’Image Contemporaine,

Autres pièces de la série :

Field-Work@Tsumari, Japon, 2000

Field-Work@Hayama, Japon, 2001 : première expérimentation du capteur « 3DM » qui restitue l’orientation de la caméra dans l’interface de visualisation.

Lake-Shinji, Matsue, Japon, 27-28 juillet 2002
La surface du lac Shinji est utilisée dans ce projet comme un support de partage de mémoire collective. Plus de 50 personnes partagent leur promenade autour et sur le lac selon des trajets et des rythmes différents induits par leur moyen de déplacement (à pied, en bateau, à bicyclette…). Ces différents rythmes et formes du déplacement génèrent des rencontres, des croisements et des collisions entre les trajets, visibles dans l’espace de lecture des perturbations spatiales. Cette expérience peut être rapprochée d’une déclaration de Fujihata dans l’une de ses interviews qui remarque que la forme des tracés GPS dépend du type de déplacement :
« Whether I’m rinding on a car or on a bicycle or walking, each line has certain caracteristics. It’s really funny ; it’s really similarly to the line when you saw a notebook, which was made by pencil or by fountain pen or a board pencil »(3)
« Si je me déplace en voiture ou en bicyclette ou en marchant, chaque ligne a certaines caractéristiques. C’est vraiment drôle, c’est vraiment similaire à la ligne que l’on verrait sur un carnet qui aurait été tracée par un crayon, un stylo plume ou une craie. »

(3) Entretien avec Andrea URLBERGER, in URLBERGER Andrea, Paysages technologiques, théories et pratiques autour du GPS, 8 sept. 2005, Centre pour l’Image Contemporaine, Genève, 2008.

Field-Work@Alsace, France et Allemagne, 2002
Field-Work@Alsace est une collection d’interviews avec les habitants et les visiteurs de la zone frontalière entre la France et l’Allemagne. C’est lors de la production de cette pièce que Masaki Fujihata, qui commence à s’interroger sur la notion de frontière, intègre cette réflexion dans la série des Field-Works à la suite de l’expérience personnelle qui l’amène à passer une année entière à Karlsruhe pour répondre à l’invitation de Jeffrey Shaw à produire une nouvelle pièce pour le ZKM. Si les précédents Field-Works exploraient la mémoire collective et l’expérience partagée, celle-ci inaugure une nouvelle période davantage tournée vers des intérêts plus personnels. Fujihata constate lors de son séjour que la conscience d’une démarcation entre les deux pays est devenue très faible pour les habitants de cette zone qui vont et viennent librement d’un pays à l’autre. La frontière est un tracé administratif, d’une rigoureuse précision, qui demeure cependant flou dans la pratique du territoire. D’un point de vue formel, dans l’installation, son tracé ne se perçoit pas dans le parcours enregistré par le GPS mais par l’adjonction d’une ligne jaune récupérée d’une carte.
Fujihata et son équipe ont parcouru pendant trois semaines près de mille kilomètres en voiture et à pied pour pratiquer leurs entretiens. Dans l’installation, les enregistrements de chaque interview sont situés à l’emplacement correspondant aux données GPS qui dessinent la ligne du parcours. L’écran de projection contient un espace tridimensionnel dans lequel les spectateurs situent chaque enregistrement vidéo grâce à des lunettes stéréoscopiques et se déplacent de l’une à l’autre en manipulant un disque rotatif placé sur un socle. Cet espace en trois dimensions, permet à Fujihata d’intégrer une donnée spécifique à cette pièce : celle de l’orientation des écrans vidéos qui suivent chaque angle de la camera, « Ainsi les gens peuvent voir non seulement mes images mais aussi de saisir comment je me comporte pour les prendre »(4).
Field-Work@Alsace a été produite en août et septembre 2002 avec le soutien du ZKM.

(4) BOISSIER, Jean-Louis, Entretiens avec Masaki Fujihata, Art des Nouveaux Medias, Blog de documentation et d’analyse des arts des nouveaux médias, article publié le 7 avril 2008.

Mersea Circle, Mersea Island, Essex, England, 16 – 17 août 2003-2005
Projet de mémoire collective avec les habitants de l’île de Mersea. Les habitants de l’île de Mersea sont invités à marcher le long des rivages de l’îles équipés d’un récepteur GPS et d’une camera video. La trace de leurs déplacements devient, au même titre que les flots et le temps, ce qui forme l’identité de l’île.

Landing Home in Geneva, Genève, 2005
Landing Home in Geneva explore le contexte spécifique de la ville de Genève qui, parce qu’elle héberge de nombreuses institutions internationales (Croix-Rouge, Nations Unies par exemple), est habitée par de nombreux interprètes qui ont quitté leur pays d’origine pour venir y travailler. Selon Fujihata, Genève entretient, du fait des nombreuses langues qui y sont parlées, des rapports singuliers avec la notion de frontière qui n’est pas là matérialisée par le franchissement d’un espace géographiquement déterminé, mais par le passage d’une langue à une autre. Selon lui, la ville « semble flotter dans les airs »(5).
Tous les entretiens commencent dans l’appartement de l’interprète interviewé et se prolongent sur le trajet vers un lieu et dans un lieu que Fujihata demande à ce dernier de choisir et de lui montrer parce qu’il s’y sent « chez lui ».
Dans la lignée de ses recherches sur le cinéma interactif, Fujihata expérimente pour la première fois dans cette pièce une caméra vidéo panoramique qui enregistre et projette dans l’espace de lecture une forme cylindrique dans laquelle le preneur de vue est également filmé. Le panorama est là ce qui permet de mettre en place un dialogue à trois, il éprouve l’objectivité du preneur de vue, le met en scène autant qu’il met en scène(6).
Landing Home in Geneva est une pièce produite dans le cadre du programme de recherche « Formes de l’interactivité » de la Haute École d’Art et de Design à Genève.

(5) “Actually the place of Geneva is very spacial, very different from other cities in Switzerland. The Red Cross or the United Nations has a center in Geneva and of course here a many interpreters with the different languages. Then, in my feeling, Geneva is a kind of city witch is floating in the air.” Entretien avec Andrea URLBERGER, in URLBERGER Andrea, Paysages technologiques, théories et pratiques autour du GPS, 8 sept. 2005, Centre pour l’Image Contemporaine, Genève, 2008.
(6) cf. notamment à ce sujet : BOISSIER, Jean-Louis, Entretiens avec Masaki Fujihata, Art des Nouveaux Medias, Blog de documentation et d’analyse des arts des nouveaux médias, article publié le 7 avril 2008.

Simultaneous Echoes, région de Londonderry, Irlande, 2009 : Dans la série des Field-Works, Simultaneous Echoes est une pièce musicale réalisée en collaboration avec le compositeur irlandais Frank Lyons dans la région de Londonderry en Irlande.
Le projet explore comment des fragments musicaux, enregistrés dans différents lieux et à différents moments peuvent être reconstruits sous forme de composition musicale dans un espace numérique utilisé comme partition en 3 dimensions. Le développement d’outils audiovisuels spécifique, mené en collaboration avec Franck Lyons, questionne les racines culturelles des sons instrumentaux dans leur juxtaposition aux paysage du nord de l’Irlande.
La combinaison de trois types de sons différents : des sons instrumentaux (enregistrements de tambours irlandais et de joueurs de cornemuse), des sons naturels (vent, eau, moutons) et la lecture de partitions musicales, produisent de nouveaux paysages sonores caractérisés par la spatialisation des sons. Des images vidéos d’instrumentistes, de paysages naturels, de repères historiques, se superposent à cette composition sonore toujours selon le même principe de localisation dans l’espace de représentation tridimensionnel qui caractérise la série des Field-Works.
Simultaneous Echoes est une pièce réalisée avec le soutien d’ISEA 2009 et l’université d’Ulster.

Expositions

[Field-Work@Hayama]
Triennale de Yokohama, 2 sept. – 11 nov. 2001
Festival Ars Electronica, Linz, 2001
Transmediale .02, Berlin, 5 – 17 fev. 2002
[Lake-Shinji]
Shimane Art Museum, Matsue, Japon, 2002.
[Field-Works@Alsace]
FUTURE CINEMA, The Cinematic Imaginary After Film, commissionné par Jeffrey Shaw et Peter Weibel, ZKM, Karlsruhe,16 nov. 2002 – 30 mars 2003,
Kiasma, Musée d’art contemporain, Helsinki, 2003.
FUTURE CINEMA, The Cinematic Imaginary After Film, ICC, Inter Communication Center, Tokyo, 12 déc. 2003 – 29 fév. 2004.
[Mersea Circle]
Firstsite Gallery, Colchester, Essex, UK, nov. 2003
Exposé de façon permanente dans la Martello Tower, Media Center in Jaywick, Essex, UK.
[Landing Home in Geneva]
Centre pour l’Image contemporaine, Saint-Gervais Genève, 7 sept. – 16 oct. 2005.
[Simultaneous Echoes]
Festival ISEA, International Symposium of Electronic Art, Belfast, 23 août – 1er sept. 2009
Landshaft 2.0, Oldenburg, 29 août – 15 nov. 2009
Biennale Mediations, Poznan, Sept. 2010.

Textes et documents de référence

BARRON, Stephan, Masaki Fujihata, Technoromantisme, sd.
[http://stephan.barron.free.fr/technoromantisme/fujihata.html]
BOISSIER, Jean-Louis, Le linéaire actif. Remarques sur les Fields Works de Masaki Fujihata (version inédite et abrégée).
[http://www.arpla.fr/canal20/adnm/wp-pdf/Fujihata_lineaire_actif.pdf].
BOISSIER, Jean-Louis, Entretiens avec Masaki Fujihata, Art des Nouveaux Medias, Blog de documentation et d’analyse des arts des nouveaux médias, article publié le 7 avril 2008.
[http://www.arpla.fr/canal20/adnm/?p=278]
BOISSIER, Jean-Louis, PINKAS Daniel, Entretien avec Masaki Fujuhata, Art des Nouveaux Medias, Blog de documentation et d’analyse des arts des nouveaux médias, 29 août 2008.
BOISSIER, Jean-Louis, Masaki Fujihata (exposition), Trois oeuvres mobilisables,
[http://www.mobilisable.net/2008/?page_id=130]
SPIELMANN Yvonne, Masaki Fujihata, Simultaneous Echoes, 15è international Symposium on Electronics Art, 2009.
[http://www.fujihata.jp/s_echoes_09/ISEA_2009_Yvonne.pdf]
Entretien avec Andrea URLBERGER, in URLBERGER Andrea, Paysages technologiques, théories et pratiques autour du GPS, 8 sept. 2005, Centre pour l’Image Contemporaine, Genève, 2008.
[http://www.ciren.org/ciren/laboratoires/Paysage_Technologique/art/fujihata/index.html]