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Christian Nold

« La technologie n’est pas cet instrument neutre et rationnel que l’on dit ; elle apparaît au contraire comme un mélange instable et grisant de contrôle autoritaire et de malice anarchique. Mon approche consiste à me glisser dans l’interstice entre ces deux pôles et d’utiliser ce geste comme un médium pour combiner la liberté du monde de l’art et la capacité d’action du design et de la technologie. Mon but est de construire de nouveaux outils dont émanent de nouveaux possibles et détournements. La première partie de mon travail consiste en une recherche approfondie d’outils technologiques dans le but de dénouer leurs imbrications sociales et politiques. La seconde partie engage la construction d’outils qui construisent le social du bas vers le haut.
Je travaille avec des individus, des groupes, des entreprises et des institutions qui essaient de développer des formes hybrides nouvelles de technologies économiquement et socialement viables. »
[http://www.softhook.com/]

Bio Mapping, 2004-

[http://www.biomapping.net/]
[http://www.softhook.com/]
[http://www.emotionmap.net/]

Le projet Bio Mapping questionne la capacité des technologies d’enregistrer, de visualiser et de partager avec d’autres les états corporels intimes de leurs utilisateurs, et comment ces états émotionnels peuvent être reliés au territoires pratiqués.
Pour explorer ce sujet, Christian Nold a conçu un petit appareil capable d’enregistrer des données de géolocalisation (grâce à un récepteur GPS embarqué) ainsi que des données biométriques (grâce un capteur GSR[1] embarqué).
Le capteur GSR embarqué dans le dispositif de Nold mesure les variations de niveaux d’humidité sur les doigts de leurs porteurs qu’ils interprète comme des variations d’intensité émotionnelle. Ce processus de mesure repose sur un postulat qui ne cherche pas de confirmation scientifique, c’est un procédé qui permet de mesurer et de générer des données individuelles de façon homogène, qui seront ensuite mises en commun pour constituer un support à l’interprétation et à la discussion collective.
Il met en oeuvre ce petit appareil dans des workshops organisés dans différentes villes situées dans différentes parties du monde. Les participants, équipés de leur appareil de mesure, effectuent un parcours pédestre urbain dans un quartier prédéterminé, mais en choisissant eux même leur itinéraire. Une fois de retour sur le lieu d’exposition, les données de géolocalisation et les biométriques enregistrées pendant leur parcours sont récupérées et visualisées dans un logiciel cartographique (le plus souvent google earth). Le résultat s’affiche sous forme de tracés colorés dont les pics et les creux indiquent le niveau d’intensité émotionnelle ressenti dans un lieu donné.
Après les workshops, les cartes obtenues sont mises en commun et donnent lieu à des échanges informels entre les participants, qui commentent leurs parcours et en annotent certains points remarquables dans leur expérience. Chacune de ces expériences singulières et leurs annotations sont alors réunies dans une carte collective qui rend compte de la diversité et de la singularité des expériences et des mémoires urbaines : les “Emotion Maps”.
Ces “Cartes Emotionnelles” cherchent à transmettre la teneur des relations entre les émotions et l’espace physique. Elles possèdent trois niveaux de lecture : montrer l’espace sensoriel d’espaces parcourus par des corps et les réponses personnelles aux stimuli visuels, auditifs, olfactif et gustatifs ; visualiser les effets de l’environnement bâti sur l’expérience corporelle de l’espace urbain ; faire émerger un espace social de dialogue et de rencontre.
À chaque workshop correspond une carte émotionnelle au traitement graphique spécifique. Les cartes émotionnelles peuvent être envisagées différemment selon la diversité des points de vue engagés dans chacune des expériences : celui de l’artiste, qui crée un événement et une expérience à partir desquels il produit une oeuvre plastique, celui du participant qui découvre une autre lecture possible de son environnement urbain et peut-être une implication et enfin celui de l’aménageur urbain qui peut en extraire des piste d’analyse et de réflexion.

1. Galvanic Skin Response Réponse Galvanique de la Peau, ou réponse électro-dermale est le procédé notamment utilisé dans les détecteurs de mensonge.

San Francisco Emotion Map, 2007
Pendant 5 semaines, 98 participants ont pris part au projet dans le cadre d’une série de workshops hebdomadaires. La carte se présente sous la forme d’une série de points qui représentent les trajets des participants dont la couleur reflète une moyenne des données émotionnelles collectives sur une gamme de couleur allant du noir (bas degré d’intensité) au rouge (haut degré d’intensité). Les annotations personnelles des participants apparaissent en blanc, signalées par un cercle localisé de la même couleur.
Commissionné et hébergé par Southern Exposure (association d’artistes à but non-lucratif située dans Mission District).

Expositions :
Southern Exposure, 30 mars – 28 avril 2007, San Francisco.
[http://soex.org/ChristianNold.html]

Stockport Emotion Map, 2007
Pendant plus de deux mois de l’été 2007, environ 200 personnes ont pris part à six événements publics. La carte restitue les résultats de deux types d’actions : Drawing Provocations et Emotions Mapping. La carte se présente sous la forme d’une représentation au trait de la ville, dessinée de façon naïve et très distanciée de la rigueur cartographique traditionnelle (seulement présente par l’échelle globale et la localisation de la rivière) où les éléments architecturaux et paysagers côtoient la représentation de personnes ou de micro-événements survenus pendant les parcours. Des cylindres plus ou moins hauts en fonction de l’intensité émotionnelle ressentie et colorés selon la même échelle colorimétrique que celle de San Francisco sont répartis sur la carte.

Greenwich Emotion Map, 2005, 2006
Carte créée par plus de 50 habitants de la péninsule de Greenwich entre octobre 2005 et mars 2006 dans le cadre d’un projet organisé par Independant Photography.
Sur la carte, les lignes noires tracent les trajets participants. La zone plus dense près du centre de la carte montre le point de départ à partir duquel les participants se dispersaient. La surface colorée de la carte représente l’assemblage des données émotionnelles de tous les participants. Les contours connectent les points de réponse individuelles pour former un peau collective qui recouvre l’intégralité de la carte de dégradés d’intensité émotionnelle.

Expositions :
Of The Map, Futuresonic 2006, 20-29 juillet, Museum of Science and Industry, Manchester.
[http://10.futuresonic.com/urban_play/off_the_map/]

East Paris Emotion Map
Exploration d’un quartier du 11è arrondissement  par 18 participants sur un workshop de deux jours organisé avec la Galerie Ars Longa en avril 2008.
Sur la carte, les trajets sont représentés par des lignes bleues sur lesquels les niveaux d’intensités émotionnels apparaissent sous la forme d’amas de points rouges. Des points blancs indiquent les lieux qui font l’objet d’annotations.

Expositions :
Galerie Ars Longa, 17 mai-18 juin 2008, Paris.
[http://www.arslonga.fr/archives/598]

Sources et références :
NOLD, Christian, Emotional Cartography, Technologies of the Self, 2009.
[http://www.emotionalcartography.net/]

Luka Frelih

Luka Frelih est artiste, hacker, programmeur et web designer slovène. Pionnier du Net Art, il développe depuis 1994 des projets mêlant art et technologies. Il est membre de nombreuses communautés de recherche, artistiques ou activistes : Ljudmila, Ljubljana Digital Media Lab depuis sa fondation en 1994, BBS, à partir de laquelle il a animé de 1993 à 1996 une émission de radio pour la promotion de l’usage créatif des technologies numériques et des logiciel libres, Makrolab, ASCII Art Ensemble.
[http://fridav.ljudmila.org/wiki/Main_Page]

FRIDA V., 2004


Frida V. Control Panel, first prototype, outside Columbia University in New York. Source : [http://fridav.ljudmila.org/wiki/File:Fridav-controlpanel-columbia.jpg]


Frida V. (Free Ride Data Acquisition Vehicule) est un projet de recherche collaboratif dont le but initial est de cartographier les points d’accès WiFi ouverts dans la ville. Les participants repèrent, lors de déplacements quotidiens ou spécifiquement programmés pour le projet, les points d’accès WiFi ouverts grâce à une carte WiFi embarquée et reliée à un panneau de contrôle. Il permet en outre de relever des informations et des données relatives à l’environnement, à la ville et à nos sensations pendant nos déplacements en bicyclette et de les mettre en ligne sur une interface cartographique. Le projet se présente d’abord sous forme d’un boîtier léger, la Frida box, (40 cm x 30 cm pour environ 1 kg) qui s’installe à l’avant d’un vélo. La Frida box est équipée sur sa face avant d’une caméra et d’un micro, et sur sa face arrière, d’un panneau de contrôle permettant d’actionner les différentes fonctionnalités. Le curseur keywords», pointant vers différents icônes, permet d’annoter rapidement les lieux, le curseur « recording » de sélectionner la source de l’enregistrement (vidéo, photo, son). Elle contient un récepteur GPS, une caméra, un micro et un ensemble de capteurs qui analysent et compilent des informations tout au long du parcours : pollution (CO2 et/ou NO2, vibrations, points d’accès WiFi).

Des cartes alternatives sont ainsi produites, relevant du désir de produire et de partager l’information dans l’esprit du logiciel libre. Par la cartographie dynamique d’un territoire habité, Luka Frelih amorce, dans l’échange des regards, une conversation sur la ville.

Expositions :

Projet initié pendant le DEAF Festival, Rotterdam, 2004 et formalisé durant l’Open city de Strasbourg. (date ?).
Production de 16 boîtiers prototypes dans le cadre d’une résidence de création à la Galerie Ars longa, Paris, France, en partenariat avec Ljubljana Laboratory for Digital Media and Cultur, Ljubljana, à l’occasion du festival Futur en Seine 2009.

Villes référencées :
Paris – Ljubljana – Rotterdam – New York – Pékin – Zagreb – Istanbul – Maribor – Munich.

Sources et documents :

Frida V
[http://fridav.ljudmila.org/wiki/Main_Page]

Art Durt Redux, Interview with Luka Frelih [Transcript], 21 déc. 2005,
[http://post.thing.net/node/652]